La cafétéria du lycée était vide
et terne. Le beau temps rendait les élèves presque claustrophobes. Au moindre
rayon de soleil, ils se précipitaient tous à l’air. C’était assez horrible, à y
penser. C’était une fausse liberté. Nécessaire à l’aération de l’être, mais
fausse. Tout comme rentrer chez soi le midi pour repartir en cours après. Mais
l’être humain n’aime-t-il pas se leurrer de liberté ? Les élèves flânant
dehors, si. Gretta se retrouvait seule une fois de plus. Coffie ne pouvait même
pas la retrouver ce midi. Il lui avait envoyé un SMS l’excusant en qualifiant
Gretta de « courageux cœur ». Ce courageux cœur savait bien qu’il
n’aurait plus de nouvelles depuis. Après un mécanique sourire, Gretta avait
fait la tête et rangé son portable d’une façon peu délicate.
« Tant mieux, au moins je peux rester manger tranquille.
Hum. Même mâcher demande trop d’efforts… aïe, mes dents, il est dur ce
pain… »
Les
paupières de Gretta tremblèrent.
« Qu’est ce qui me prend ?! Je suis en pleine déprime
et je me mets à me laisser vaincre par un sandwich bizarre. Tant qu’il n’y a
que moi qui le remarque, je peux me sauver. Mais quand même, ça ne va pas, là.
Pourquoi être aussi attachée à Coffie, s’il n’est pas là pour moi ? Je
n’ai pas besoin de lui. J’ai besoin de moi, c’est tout. Même si je ne sais plus
où est le vrai « moi » en ce moment, je sais au moins que c’est lui
que je dois trouver. Ou plutôt retrouver. Tout allait bien, avant que ça n’arrive. Je ne me parlais pas autant
dans ma tête. Je ne cherchais personne. Je ne me pendais pas au cou de mon ami.
Je ne me lamentais pas sur la dureté du pain. J’aime savoir que j’endure
quelque chose sans avoir envie d’en finir, mais ce n’est pas suffisant. Il faut
me ressaisir. Je ne sais pas comment, quand, et dans quelles circonstances mais
je sens que quelque chose doit
arriver. La dernière chose qui est arrivée a ruiné ma vie actuelle. Il faut
rééquilibrer un peu. Il faut qu’il se passe quelque chose. Il le faut !
C’est la seule solution ! Je veux qu’il arrive quelque chose, que quelque
chose se passe, se fasse ! Rapidement, d’ailleurs. »
Ces dernières pensées relevaient assez du caprice caché, mais elles ont su redonner un peu de force à la jeune fille. Ça et les vitamines du sandwich, évidemment.
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