Pour patienter, elle s’intéressa
à autre chose. À sa gauche, Marienne, une camarade dont le mal-être était aussi
évident que l’agressivité dans un combat de chiens. Gretta n’était peut-être
pas très calme mentalement, mais au moins elle était assez déconnectée de son
corps pour que ses angoisses ne la fatiguent pas physiquement.
Marienne, elle, se grattait, se
touchait le visage, s’enroulait les cheveux autour de ses doigts, se tortillait
sur sa chaise, se mordillait l’intérieur des joues… maigre comme un clou, elle
était le parfait cas pour un psychiatre faisant une thèse sur l’anxiété :
nature, effets, solutions, Marienne avait déjà fait les deux tiers de son travail.
Gretta hésita, puis se décida à
s’adresser à elle. Marienne était tellement mal (et ce constamment) qu’elle
renvoyait à chaque personne un tant soit peu compliquée une bonne image de
cette personne. C’était horrible, car plusieurs, comme Gretta, aimaient lui
parler pour se sentir mieux vis-à-vis de leur personnalité à eux.
« Mais c’est normal de chercher plus mal que soi quand on
est mal… non ? On se dit qu’il y a pire que nous, et que du coup on doit
se contenter de ce qu’on a… du moins essayer… même si ça marche jamais avec
moi… »
Gretta baissa la tête. Le moral
redescendait, vite !
– Marienne ?
Ladite
sursauta. Son mouvement d’épaules rappelait celui de quelqu’un qui fut jadis très
influent dans le pays. On sentait que la jeune fille était terrifiée, alors que
Gretta n’était elle-même pas sociable.
– … Oui ?
– Je… mon ordi a planté…
– Bah… parle à la prof ?
« Quel ton désagréable… j’espère que le mien n’est pas
comme ça quand on me force à parler ! Je demanderai à Coffie… je crois que
le mien est neutre, pas hautain, comme ça… après… je m’en fiche
d’elle ? Un peu ? Peut-être… elle m’aide pas en tout cas. »
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