Il saisit le menton de Gretta, ce
qui la prit au dépourvu. Toute surprise, elle resta coite. Elle ne pouvait
s’empêcher de penser que Coffie jouait avec ses réactions.
– Euh…je…
Il chuchota pour que Sosthène
n’entende rien. Cette dernière bouda malgré le fait qu’elle se fichait bien de
ce qu’il pouvait raconter. Mais les messes basses n’étaient jamais agréables,
de toute façon.
– J’adore tes cheveux tout fins, tous frêles…et ton regard narcotique !
« Il n’y a que lui pour parler de moi comme ça, surtout
que je sais bien que ce sont des adjectifs qui s’adressent plus au mental qu’au
physique…oh non je ne veux pas qu’il exerce un pouvoir sur moi, je suis déjà
bien assez atteinte par le monde réel comme ça… je me sens parfois tellement
prisonnière des gestes et de leurs conséquences… »
Coffie voyait bien que son amie
s’affolait malgré son immobilité. Il l’embrassa sur le front.
– Même si je suis pas raisonnable, je vais t’accompagner en cours et filer pour ne pas être vu par un pion. D’accord ?
Gretta haussa les épaules, l’air
détaché.
– Si tu veux…
« Elle est mignonne. J’adore comment elle joue de son
image d’insensible qui ne bouge pas alors que sa tête est une vraie maison hantée.
On dirait un chinchilla forcé de vivre sans nuits… si on lui donnait un recoin,
elle irait se cacher, c’est chou. Mais difficile, car il faut la protéger, elle
risque de confondre recoin et gouffre sans fond… j’ai connu bien trop de filles
fébriles qui ont envoyé valser leur beauté d’âme pour se débarrasser de leur
passé peureux. Mais il ne faut pas avoir honte de la peur, juste la cacher
aux inconnus car ils vont essayer d’en profiter après. »
Il lui prit le bras.
– Alors ma princesse du regard, on y va ?
« J’envie tellement son assurance… » rêva Gretta
Elle ne se doutait pas que le garçon avait beaucoup plus à lui envier que l’inverse.
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