Quatrièmement ~> 1



Le lundi, la semaine démarra normalement. Gretta remarqua que Coffie semblait un peu plus dissipé que d’habitude.


« Qu’est-ce qu’il a encore fait… » sourit-elle intérieurement.

              Coffie, pourquoi tu ne parles pas ? Il est arrivé quelque chose ?
              Oh oh, et toi pourquoi es-tu en short moulant ? Il est arrivé quelque chose ?
              Euh… il faisait bon… je… je ne cherche à séduire personne… bredouilla-t-elle.

Il l’avait encore déstabilisée. Il était décidément très bon. Elle en était triste.

« Pourquoi tu me rejettes… pourquoi tu ne veux rien me dire sur ta vie… » 


         En réalité, le garçon avait passé une partie de la nuit en boîte, et avait été assez remué par un groupe de garçons. Cela l’avait un peu chamboulé, mais il préférait ne pas en parler histoire d’oublier plus facilement.

« En plus, Gretta n’a pas besoin d’une preuve de plus que l’humanité est capable d’horrible choses. » se dit-il.
              Pourquoi tu ne me dis jamais rien…

Attendri par ces paroles, Coffie se retourna.

              Oh voyons… il ne faut pas le prendre comme ça ! Je préfère juste profiter de l’instant avec toi, pas ressasser le passé, c’est trop triste !
              Pas toujours… ça permet d’embrancher avec le présent et de savoir si on a évolué.
              Pffeuh ! Il ne s’est rien passé chérie, j’ai été danser hier et je suis un peu fatigué, voilà tout ! D’ailleurs, je vais récupérer en cours avec toi ! Aujourd’hui, je ne sèche pas !


« Il va en cours pour récupérer de sa nuit ? Génial… » ironisa-t-elle.

              Tu es incorrigible…
              On sait tous les deux que le BAC je vais le passer histoire de ! Mais je vais faire des petits boulots, économiser, et vivre au jour le jour !

« Sans aucune sécurité, aucun repère fixe… si, le travail. Il sera bien obligé de se fixer un jour ou l’autre. C’est déjà un miracle que notre amitié vive » pensa la jeune fille.

              Mais un travail, c’est fixe, tu pourrais vivre comme ça ?
              Suffit de trouver un travail qui fait bouger ! Organisateur de soirée ou un truc du genre !
              Il faut pas un diplôme de communication ou quelque chose du genre ?
              Ma mignonne Gretta, les boulots ça se trouve au culot et à la chance ! Et la chance, on se la provoque soi-même.

« C’est français comme phrase, ça ? » se demanda Gretta


         Coffie lui fit un beau sourire.

              Tu penses qu’on est en âge de décider quoi faire de notre vie ?! Il nous reste tellement d’aventures à vivre, tellement de réflexions à avoir, d’introspections à faire pour nous connaître… la société veut nous conditionner pour qu’on se taise et qu’on suive une ligne droite pour la servir, mais tu sais quoi ?! Moi je dis FUCK je fais ce que je veux !

« Et maintenant je vais faire un effet en partant avec un grand mouvement de côté ! » se dit-il.

         Gretta le retint.


              Avant que je n’oublie… il faut qu’on se voie au CDI tout à l’heure, je dois te parler d’une chose importante, Coffie.
              Tu veux me demander en mariage, hein ?

Il la prit dans ses bras en la faisant danser.


« Il fait son petit show ou quoi ? » se dit la jeune fille.

              Rooh… non, c’est vraiment important.
              Ah ah ! Tu as décidé de t’enfuir avec moi et vivre d’amour et d’eau fraîche aussi ?

Gretta fit un grand sourire, et ils se rapprochèrent.



Quelques cours plus tard, au fameux CDI…



Elena s’y trouvait, adoptant toujours cet air de statue. Elle ne bougeait pratiquement que la tête pour regarder aux alentours, son allure en était presque fantomatique voire robotique. 

              Gretta, arrête de fixer cette fille ! Elle est nulle comparé à toi ! C’est qu’une gothic lolita à deux francs !
              Deux francs ?!


              On est nés avant 2002, non ?
              Oui, c’est juste que… les francs, ça me rappelle des souvenirs.
              Toujours une excuse pour retomber dans ton passé, ma belle.
              Justement, il faut que je t’en parle.
              Asseyons-nous, alors !

Gretta était très contente de s’asseoir en face de son ami, cela arrivait peu. En y réfléchissant, elle ne savait même plus quand elle l’avait regardé dans les yeux pour la dernière fois.


              Alors ma belle, dis-moi tout !
              Bon, on commence avec le plus difficile…

Elle s’arrêta pour prendre une grande inspiration.

              Je vais enquêter sur ma mère.

Un peu surpris, Coffie fit comme à son habitude mine de ne pas l’être.

              Comment tu comptes faire ? Tu vas faire le détective privé, ou en engager un peut-être ?
              Non, je pense rester seule pour ça, cela ne regarde que moi.

« Toujours aussi renfermée ! Je l’imagine d’ailleurs mal partager quelque chose de sentimental ou physique avec quelqu’un ! » se dit Coffie.

              Je sens qu’il y a une chose d’inachevée avec elle…
              Elle a pourtant été claire quand elle est partie ! Gretta, va de l’avant !
              Justement. Je dois mettre les choses au clair avec elle avant de pouvoir passer à autre chose…
              Et après tu trouveras une excuse sur un autre truc d’inachevé…
              Non, Coffie, je te le jure.

« C’est pas moi qui me rends triste par le passé, ce n’est pas à moi qu’il faut promettre ça ! » pensa-t-il.


              Je ne veux que ton bien, ma grande puce,  c’est pour ça que je te dis tout ça… tu n’as aucune piste pour l’instant, non ?
              Je… je vais en trouver.
              Facile à dire ! Ta maman était maligne si je me souviens, elle a dû partir en ne laissant aucun indice, si elle ne voulait pas être retrouvée.
              Et si elle a retrouvé la mémoire depuis mais qu’elle n’ose pas revenir ?
              C’est son problème !
              Non. Cela me concerne. Coffie, je dois essayer de comprendre…

« Je vais lui faire un peu peur, pour tester… » pensa le jeune aux cheveux teints.

              Tu essaies de tout comprendre, ma chérie, et tu oublies de profiter de ce que tu essaies de comprendre… tu as vu tout ce temps sans tes parents que tu as ? Profites-en pour sortir, va danser, rencontrer des garçons, t’amuser !
              Non, ce n’est pas moi, ça.


« Bingo… c’était prévisible » sourit Coffie.

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