Pour se changer les idées sans trop le faire non plus,
Gretta osa sortir de sa chambre pour aller voir son père. Il l’avait
délicatement posée sur son lit, le geste était touchant. C’était souvent comme
ça, avec lui. Peu d’ambiance affective, tout était dans les actes et les
timides attentions qu’il avait parfois.
Toute
précautionneuse, Gretta se rendit sur la pointe des pieds derrière la chambre
où son paternel dormait. Elle ne voulait absolument pas le réveiller, elle s’en
voudrait terriblement de perturber le rythme effréné qu’il tenait.
Doucement,
elle entrouvrit la porte, comme une petite fille peureuse à l’idée d’acheter le
pain pour la première fois.
« Il dort… il y arrive… sans la fatigue du travail, y
arriverait-il ? Si j’avais été à sa place, j’aurais… pourquoi me demander
ça, ça dépend des circonstances, des gens… et dieu sait que je ne suis pas très
englobée dans « les gens», moi. »
« Et lui ? »
« Il est si… autre. J’ai du mal à voir un père en lui… il
ne ressemble pas aux autres pères. Hum… tant mieux, dans un sens. Je pense que
je lui ressemble plus que je ne l’ai pensé jusqu’à ce que ça soit arrivé. »
Brusquement,
Gretta déguerpit. Elle fuit dans sa chambre, troublée. Elle ne pensait pas que
ses pas, même soignés, réveilleraient son père.
« Quelqu’un ? Que se passe-t-il ? »
En entendant la porte de la
chambre de sa fille, reconnaissant ainsi la façon dont elle se refermait, il
fut rassuré.
Peiné, il se sentit d’un coup
comme s’il était l’homme le plus seul sur Terre…









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