Troisièmement ~> 7



Il revint au sujet en ayant peur de réveiller la douleur de la jeune fille.

              Tu… tu ne sais pas si elle peut retrouver la mémoire d’un coup ?
              Les médecins ne savaient pas… je me suis même demandé si ce n’était pas déjà fait… imagine qu’elle se souvienne mais qu’elle ne veuille pas revenir pour ne pas nous faire souffrir.
              Oui mais… tu ne penses pas que cela soit trop tard ? Ca fait des mois que vous vivez sans elle et que vous essayez de vous faire à l’idée que…
              Mon père n’a retrouvé personne, l’interrompit Gretta. Il faut que j’agisse vite. Je sais que, comme tous ces enfants de parents séparés, ma volonté ne peut pas tout faire, mais… je veux essayer.
              Es-tu sûre qu’il n’a personne, Gretta… je ne veux pas briser tes espoirs, c’est bien que tu en aies, mais… fais attention.


La jeune fille fut très contrariée par l’idée, mais préféra se perdre dans un souvenir heureux pour ne pas trop y penser. Elle se revit, des années en arrière…

« On joue à « ‘trap ‘trap » Gus’ ?

  
              Non ! C’est trop petit ici, et puis on va tomber dans le bassin là !
              Tu parles comme un parent !
              Et toi tu es trop casse-cou !
              Mais tout le monde joue à ça !
              C’est pas une raison ! »

Une question la fit revenir au présent :

              Je ne t’ai pas blessée, au moins ? À quoi penses-tu ?
              À nous, petits.
              Oh… sourit-il. Tu trouves que l’on a changé ?
              Pas vraiment.

« Si, je suis une coincée maintenant. Nous deux, d’ailleurs. » se maudit-elle.

              Mais on a quand même évolué, on passe l’adolescence tranquillement, je trouve.
              Hum. Moi je ne trouve pas. Ces prises de tête le soir, ces crises existentielles, merci… murmura-t-elle.
              Au moins, nous ne sommes plus égoïstes et centrés sur nous-mêmes.
              Tous les hommes le sont, je pense. C’est juste qu’en grandissant, ils apprennent à le devenir à leur façon. Même les gentils veulent leur bonheur, c’est juste qu’ils passent par les autres. Mais c’est quand même une façon à soi d’être égoïste.
              Tu vas me déprimer, plaisanta-til. 

 
« Regarde, viens m’attraper maintenant !

              Oh arrête Gretta ! C’est pas parce que t’as des nouvelles grosses bottes que tu cours plus vite !
              Siiii ! En plus j’ai une robe, mes jambes sont libres ! S’tu veux pas jouer c’est pasque tu sais que tu vas perdre !
              Okay c’est vrai ! On joue à trois petits chats à la place ?
              T’es vraiment qu’un trouillard ! Okay mais sans toucher les mains, parce que ça fait mal des fois ! »


« Le bon vieux temps… » se remémora Gretta.

         Le soleil se couchait, à cette heure.

              De quoi es-tu encore en train de rêver ? sourit le garçon.
              L’enfance… dire qu’on n’a pas conscience de notre chance quand on est enfant…
              C’est aussi pour cela que c’était bien.
              Peut-être…



En regardant Gustave, Gretta voulut lui faire part de son idée.

              Dis-moi… que dirais-tu de venir avec moi en ville, un samedi ?
              Oh… je ne pensais pas que j’avais l’air hermite et désespéré à ce point… murmura-t-il spontanément.
              Mais non… et puis, si tu es avec moi ? le convint-t-elle.
              Pourquoi pas… il va falloir réfléchir à un moyen de ne pas se faire remarquer.
              Tu pourrais y être en ce moment même. Tes parents savent que tu es avec moi, là ?
              Touché, sourit-il. J’apprécie ton geste. Pourquoi pas…


La jeune fille sourit à l’idée de lui donner un peu de bonheur.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire