Commencement ~> 22


 Une fois chez elle, l’odeur boisée de la maison envahit Gretta. Elle posa son sac, rangea son manteau et ajusta son pull de façon exaspérée. C’est drôle, cet instant où l’on rentre chez soi, on est comme rassuré de retourner dans son nid, mais aussi déçu de ne pas voir autre chose quelque part…


« Je n’ai pas revu Coffie, je n’ai pas vu Gustave… quelle journée nulle… est ce que j’aurais dû dormir plus ? Ça n’a pas de rapport, je le sais bien, mais qui sait ? L’univers, Dieu, tout ça… au fond, quand il arrive des choses, on se le demande tous. »


La jeune fille alla s’installer sur le divan du salon. Les coussins de son canapé étaient assez durs, mais bien confortables après les sièges du train, de la cafétéria, des salles de classe… et une bonne marche. Pour se sentir mieux, elle se prit les épaules et se frotta les bras pour se réchauffer un peu. Elle n’avait pas froid, elle voulait juste un peu de réconfort physique. La maison n’était pas vide, quand elle rentrait, avant…


« Et le pire, c’est que je ne suis même pas sûre de rentrer dans une maison remplie plus tard… avoir un mari et des enfants ne semble pas à ma portée. Vu ma vie, et surtout ma personnalité, je ne me vois pas en position d’y réfléchir sérieusement un jour. Je ne suis pas quelqu’un à responsabilités, jamais je ne pourrais assurer dans un domaine aussi important… »




« Qui pourrait m’aimer moi ? Je suis lâche, paniquée au moindre événement, incapable de réagir avec classe. En plus, je n’ai pas une tête harmonieuse, je n’ai pas ce visage parfait, sans impureté, sans disgrâce qui rend tant jolie… Coffie a une peau de bronze, on dirait une statue, c’est magnifique… »



« Que faire de ces instants volés que l’on appelle photos, nous renvoyant le passé, nous faisant penser « Ah, c’était comme ça. C’est fini, classé, ça ne reviendra plus jamais ». Héraclite avait raison, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. »


Paralysée par sa déprime, Gretta vit une raison de plus de s’enfoncer. Du courrier. Pour une certaine personne.


« Oh. Bon. Je vais m’allonger. Le plafond, c’est joli… »

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